Le soin relationnel à Pourgues, ça marche comment, concrètement?
Harmoniser les relations pour un collectif durable
Notre communauté de vie et de travail a mis au cœur de son projet l'objectif de vivre des relations humaines harmonieuses, et donc de surmonter le fameux "facteur humain" qui donne la réputation aux communautés d'être un enfer sur terre depuis les années 70. Sur les ~10 dernières années, nous sommes nombreux à avoir démontré qu'il est possible de transformer ces enfers en paradis, avec de l'expérience, de la persévérance et de la méthode. Pourgues en est un bel exemple, avec une certaine fierté d'avoir créé un climat harmonieux depuis maintenant deux ans. Les crises à haute intensité et les phases de chaos relationnels ont le goût d'un lointain passé. Une autre époque ! Nous avons expérimenté un tas de choses depuis 2017 jusqu'à trouvé ce qui nous correspond : l'informel pur, les cercles de parole, les cercles restauratifs, le Forum ZEGG... et nous pratiquons toujours ces processus collectifs à l'occasion, quelques fois dans l'année. Ceci étant, l'expérience nous a amenés à principalement deux constats :
Le premier est que le collectif a une énergie limitée pour traiter toutes ses tensions relationnelles avec des processus de groupe, et même en 1-à-1. Pour la viabilité de l'expérience, il est donc indispensable que chaque villageois résolve une majeure partie de ses tensions en employant des processus intrapersonnels (thérapie, yoga et méditation, bain de forêt, sport... ce qui fonctionne pour moi, du moment que j'évite d'envahir l'espace commun avec mon ego victimaire).
Le deuxième est que le travail intérieur personnel n'est pas suffisant, même pour les plus éveillés d'entre nous. Malgré toute ma bonne volonté de prendre ma pleine responsabilité de mes problèmes, je vis des conflits malgré tout. Et comme au sein d'un couple, c'est suicidaire de laisser s'accumuler les non-dits et conflits larvés. A Pourgues, nous avons réussi à intégrer une évidence dans la culture collective : lorsque je vis une tension relationnelle, je ne laisse pas ça trainer. Je prends rendez-vous avec l'autre pour vivre une médiation. Ces deux portes ouvertes méritaient d'être enfoncée un bon petit coup... et maintenant, plus de détails sur notre culture et notre fonctionnement plus concret. Conscients que certains ont tendance à procrastiner ou toujours se trouver les meilleures excuses pour s'abstenir, genre "ce n'est pas le bon timing", nous avons un canal où nous informons le groupe des médiations qui ont lieu (ça donne le bon exemple), et nous organisons au moins une fois dans l'année une semaine que nous ouvrons le lundi matin en rappelant les principes fondamentaux de notre système restauratif. Ensuite, nous invitons chacun à se centrer et se relier à ses tensions du moment, puis nous ouvrons un espace pour prendre des rendez-vous pour des médiations. Nous venons de vivre ce processus le lundi 18 novembre, et ce fut un vrai succès, avec plus de 20 rendez-vous organisés. Même si c'était déjà du propre, ce petit ménage d'automne fait du bien !
L'intérêt de ces médiations 1-à-1 (avec ou sans facilitation, selon le ressenti des deux participants) est que les participants vont non seulement prendre soin de leur relation interpersonnelle, mais également de l'ensemble du groupe, car chacun va représenter une diversité de voix, de corps sociaux et d'archétypes présents dans le groupe. C'est génial d'efficacité, car cela veut dire qu'ils œuvrent pour l'ensemble du groupe, sans qu'on ait eu besoin de réunir tout le collectif. C'est ce qu'on appelle l'effet systémique.
Des médiations, au service du groupe et de l'individu
Et comment, concrètement, se passe une médiation ? C'est d'une grande simplicité :
1) Au moment de la prise de rendez-vous est nommée une situation qui a activé une tension, et qui donne une idée du thème sur lequel on va travailler.
2) En amont du rendez-vous, chaque participant aura bénéficié d'une oreille bienveillante et/ou cheminé par elle-même au maximum avec ses outils intrapersonnels.
3) On choisit une personne pour jouer le rôle de simple témoin à facilitateur.
4) Au début du rendez-vous, on rappelle le cadre, notamment le besoin de lenteur, de s'assurer qu'un message adressé est bien reformulé et compris, qu'une colline a été pleinement gravie avant de se lancer dans une autre ascension. "Gravir la colline de l'autre", telle est devenue notre devise. Pour m'exprimer ce que je vis en toute sécurité, j'ai besoin que l'autre fasse son maximum pour s'abstenir de réagir, et faire preuve d'une écoute et d'une curiosité sincère vis-à-vis de ce que je lui partage.
5) Lorsqu'on sent un atterrissage naturel de l'échange, on prend un temps pour clore avec ce qu'on a envie de célébrer, revenir sur les moments forts qui nous ont permis d'avancer et grandir ensemble, ce qui nous met en gratitude.
6) Idéalement, une ou deux semaine après, prendre un temps au hasard dans l'informel pour mentionner la médiation, et vérifier ensemble que la ré-harmonisation de la relation est bien installée, ou s'il y aurait besoin de poursuivre le travail.
Nous sommes convaincus que l'humanité serait globalement plus heureuse si chacun intégrait cette simple pratique de communication dans son quotidien... alors... commencez maintenant. Et si vous souhaitez apprendre de notre expérience et développer cette compétence, c'est un merveilleux prétexte pour venir chez nous. Dans la formation Vivre et Créer un Collectif, Adrien, Marjorie et Ramïn ont inclus une journée entière sur le thème du soin relationnel, de quoi mettre ensuite en pratique dans sa vie familiale, au travail, ou dans un éventuel projet de collectif. Des initiations plus brèves sont également possibles lors de nos séjours immersifs.